Reconnu d’utilité patient

L’association Docteur Souris  se donne depuis 2002 la mission d’améliorer les conditions d’hospitalisation et de rompre l’isolement des enfants et adolescents malades, en mettant à la disposition des patients et des équipes des ordinateurs et un accès à internet.

La jeune fille est allongée sur son lit d’hôpital, en compagnie de ses parents,lorsqu’une aide-soignante entre dans la pièce : elle apporte à Rosine un ordinateur portable qu’elle va installer. Rosine est heureuse de pouvoir communiquer avec  cet outil : « ça me donne envie de me lever le matin, dit-elle en souriant ».

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Dans un autre service, une jeune maman est toute la journée près de son enfant. Elle regarde un film, fait ses démarches administratives à distance : « c’est mon oxygène,» déclare-t-elle , parlant de sa connexion internet.

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Les enfants hospitalisés doivent affronter les soins et l’angoisse, la leur et celle de leurs parents ; ils sont coupés de leur vie, déstabilisés par des évènements inconnus; entre deux soins, ils s’ennuient souvent.

Un ordinateur est une fenêtre ouverte à la fois sur leur vie personnelle et sur le monde extérieur.

 Ils l’utilisent pour communiquer avec leurs amis et leur famille, se rendre sur les sites de leur école, jouer seuls ou en ligne, se tenir au courant de leur actualité, communiquer via les réseaux sociaux, se distraire. Ceux dont les parents sont éloignés se sentent un peu moins seuls.

Ces ordinateurs entrent dans les chambres d’hôpital grâce à l’association Docteur Souris, qui prend en charge leur installation, leur maintenance et la formation des personnels soignants.

Ce qui en 2002, lors de la création de l’association était une bonne idée, est devenu une nécessité.

Une bonne idée

Rapatriés d’Algérie, les parents de Roger Abehassera ont dû reconstruire leur vie en France à partir de rien. Roger n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche! Il a commencé à travailler très jeune, sur les marchés ou en donnant des cours lorsqu’il était étudiant. Pour lui, ces expériences qui donnent aux jeunes une autonomie et un savoir-faire extraordinaire « valent de l’or ». De plus, il a eu la chance d’avoir un frère plus âgé qui a fait des études d’informatique, ce qui à l’époque était très novateur. Dès l’âge de quatorze ans, Roger commence à écrire des programmes.

Son autre chance est d’entrer très jeune chez Microsoft qui était encore une start-up. Il y travaille au lancement de Windows en Europe.

Après le succès mondial qu’a connu Windows et qui a demandé un travail considérable, son fondateur, Bill Gates, peut se consacrer à autre chose et créer sa fondation. 

Au tournant des années 2000, Roger, qui à l’époque est directeur général adjoint de l’entreprise, ressent lui aussi le besoin d’être utile.

Le monde associatif  lui est alors inconnu. Il rencontre les dirigeants des Restos du Cœur, d’Emmaüs, de SOS Racisme, qui sont un peu étonnés par sa démarche : lui, qu’ils peuvent parfois percevoir comme « un impérialiste américain », veut les faire entrer dans l’univers informatique.

Roger raconte : « Je me suis impliqué personnellement. Par exemple chez Emmaüs, ils m’ont fait visiter leur centre d’accueil. Il y avait un vieil ordinateur “pourri” dans un coin, et des gens essayaient de le faire marcher… Je leur ai proposé de faire le premier cyber espace d’Emmaüs. Il s’agissait de mettre en place un ensemble d’ordinateurs avec toute une logistique de bénévoles, de formateurs, d’accompagnants, qu’on a organisée. Je les ai aidés sur mon temps libre. »

C’est alors qu’il fait la connaissance de celui qu’il appelle un « serial-entrepreneur », le président des Restos du Cœur de Vendée. Ce dernier veut créer un centre de réinsertion sociale et lui explique au passage de quoi il s’agit : « Les personnes en réinsertion sont souvent au chômage de longue durée. Elles viennent travailler pendant un temps limité.  Certains centres ouvrent des restaurants, d’autres font du jardinage. » Roger lui propose de faire du reconditionnement d’ordinateurs. En 2001, cette activité de reconditionnement émergeait à peine.

Le premier d’une série de centres de réinsertion dédiés au reconditionnement d’ordinateurs naît en Vendée.

Faire vivre les idées

Chez Microsoft, Roger Abehassera fait une rencontre importante : « Un jour on me passe l’appel d’un professeur qui enseigne à Lyon dans une école pour enfants handicapés. Ce monsieur voulait emmener les enfants dans une expédition en montagne au Maroc. Il avait besoin d’un ordinateur portable pour prendre des notes pendant tout le voyage. A cette époque, le projet était techniquement difficile à réaliser. Une équipe de projet qui réunit des salariés de l’entreprise passionnés par l’aventure se met en place et envoie un volontaire pour accompagner le voyage. »

Pendant la semaine de reportage quotidien destiné à  leurs camarades restés en France, la petite caravane des enfants croise une équipe de France 3. Les journalistes découvrent des enfants handicapés dans le désert,  accompagnés par des ânes portant le matériel de communication. Ils sont conquis et font un reportage diffusé sur France 3. Roger le montre à ses collègues lors d’une réunion interne. Les salariés sentent souffler un grand vent d’oxygène. «  À ce moment, raconte Roger, nous avons ressenti une grande émotion qui a créé un mouvement de solidarité. Des gens ont eu envie de s’engager. »

À l’hôpital

C’est donc tout naturellement sur le bureau de Roger qu’atterrit la sollicitation du responsable d’un service de l’hôpital Necker qui souhaite disposer de jeux pour les enfants hospitalisés. Roger ne connaît pas l’univers hospitalier et sa première visite lui fait l’effet d’une douche froide : « Pour moi l’hôpital Necker Enfants Malades, c’est le nec plus ultra des hôpitaux, tout y est beau. En fait : non ! À l’époque c’était des grands couloirs avec des box en bois dans lesquels il n’y avait que le lits. Les salles de bains étaient  communes, comme dans une colonie de vacances. La personne qui me fait visiter le service me dit :

 « Les enfant s’ennuient beaucoup. On aimerait avoir des ordinateurs communicants. »

En 2002, le wifi n’existait pas à NeckerTout est à construire : où trouver des ordinateurs en nombre suffisant ? Comment accéder de manière sécurisée à Internet de toutes les chambres ? Quel système pérenne, gratuit pour les usagers et l’hôpital et fonctionnant sans interruption mettre en place ? Qui peut financer cette organisation ?

Roger demande à un petit nombre de ses collègues volontaires de réfléchir à la façon de créer une solution technique dans le cadre d’une action solidaire pour l’hôpital. En rencontrant d’autres personnes dans d’autres services hospitaliers, ils cernent mieux les attentes et les contraintes qui ont fait et font encore les fonctionnalités clés du succès de Docteur Souris.

Le petit groupe de passionnés finance (grâce à un mécène), l’installation de bornes Wifi et  collecte des appareils. Ils sont prêts : le projet peut démarrer. Avec quelques amis, Roger Abehassera fonde une association qu’ils baptisent de ce nom explicite, Docteur Souris.

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Peu à peu, l’association construit un concept qui dépasse le don d’ordinateurs et devient un service : « Notre propos explique Roger, c’est que les enfants aient un ordinateur et surtout qu’ils disposent d’un portail de contenus qui leur permet d’accéder à un Internet sécurisé. Et que cela fonctionne 24h/24, 7 jours/7, c’est-à-dire que ça soit maintenu. Si l’ordinateur tombe et casse, nous le remplaçons. »

L’aide efficace de Passerelles & Compétences

Roger souhaitait lancer une campagne d’appel aux dons, d’une part auprès de financeurs potentiels et d’autre part dans le public, ce qui supposait de rédiger deux messages différents. Il n’avait pas autour de lui les compétences nécessaires. Roger a fait appel à une des passerelles qu’il connaissait depuis longtemps.
Agnès C., directrice générale d’une agence conseil en communication a de nombreuses expériences en ce domaine et met ses compétences au service d’une association qui la touche et dont elle salue l’action.
Elle accompagne Docteur Souris dans la rédaction de ses messages et la mise en œuvre technique des mailings. Elle commence par partager son point de vue sur les arguments à valoriser, les expertises à mettre en scène. Elle leur recommande un style et travaille avec les équipes.
Le transfert de compétences se fait entre la bénévole experte et les équipes de l’association qui ne demandent qu’à apprendre. 
Roger apprécie le point de vue de la  bénévole, son aide efficace et son implication pour une cause qui l’a fortement motivée.

Docteur Souris grandit

Les directeurs d’hôpitaux se connaissent, c’est un petit milieu dans lequel les informations se diffusent vite. Très rapidement, ils se parlent entre eux de l’association. Sa croissance est très rapide, facilitée par les progrès de la technologie. Les responsables de Docteur Souris installent les machines dans tous les services pédiatriques, dans les services de dialyse comme dans les chambres stériles ou auprès des enfants contagieux.
Ils sont fiers d’utiliser les technologies actuelles pour permettre la continuité du travail scolaire, l’évasion, le dialogue entre jeunes patients d’une chambre à l’autre, la préservation des liens amicaux et familiaux des enfants.

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Tous les projets sont financés par des fondations d’entreprise qui s’engagent auprès de l’association pour trois ans, ce qui lui permet d’être présente dans une trentaine de sites en France, d’avoir deux ingénieurs salariés assistés par quinze étudiants stagiaires répartis dans toute la France qui assurent la formation des personnels hospitaliers et l’entretien du matériel au quotidien.

Roger Abehassera est heureux d’apporter aux enfants malades un service à ce jour unique et de transmettre un savoir faire aux jeunes stagiaires et salariés de l’association.

 
Roger Abehassera

Roger Abehassera

Fondateur et président de

Docteur Souris