Pour les enfants de Kep

Together a été fondée en 2012 avec pour objet de créer  des crèches solidaires gratuites . Une première crèche a vu le jour à Kep dans le sud Cambodge. Ses actions s’inscrivent dans le cadre de la Convention Internationale des droits de l’enfant des Nations Unies.

Le bébé est installé dans un sac de toile blanche, accroché à un cadran qui indique son poids, tenu par une jeune femme khmère joliment vêtue d’une chemise à carreaux noire et blanche et d’une jupe longue fleurie. Elle est en train de peser Sao : il se porte bien. Il y a deux ans, à son arrivée dans la crèche de Together, Sao a un an. Il n’a pas été nourri depuis plusieurs semaines et est donné pour mort par les médecins d’HAMAP SANTE, une ONG locale, venus en mission, qui n’essaient même plus de le sauver.

Malgré tout, l’équipe de Together le prend en charge, le nourrissant au compte goutte heure après heure. Sao est un guerrier décidé à vivre, il se bat et survit. A trois ans il réussit à faire ses premiers pas et sourit dans les bras de sa mère.

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La crèche est installée dans une jolie maison blanche à Kep, au Sud du Cambodge. Le jardin est  grand et clos afin que les enfants puissent y jouer librement. Un potager a été planté pour produire en partie les légumes essentiels.

La maison bien aérée est spacieuse et lumineuse, les aménagements simples et agréables. Les enfants y sont accueillis dans la journée jusqu’au moment où ils pourront entrer à l’école publique locale. La crèche solidaire permet à leurs mères de travailler pour garantir leur indépendance financière. Par ailleurs, les frères et sœur aînés sont ainsi déchargés de la garde de leurs cadets et peuvent suivre une scolarité normale.

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Ce projet est l’œuvre d’un homme de bonne volonté, Jean-Claude Mortier.

Partir… vers les autres

Du plus loin qu’il se souvienne, Jean-Claude Mortier a voyagé. Son père, un médecin camerounais, a été ambassadeur. Quant à Jean-Claude, attiré par les voyages, il décide de passer les concours qui lui ouvrent les portes de la Marine nationale, avant de devenir conseiller d’ambassade dans plusieurs pays.

Rentré en France, il travaille au Service de l’Action Humanitaire auprès de Bernard Kouchner, ce qui lui ouvre la possibilité de participer à de nombreuses actions et de voyager.

Pendant ses vacances Jean-Claude se rend à Calcutta, pour faire du volontariat dans la communauté de Mère Teresa  :

  « Pour moi cette communauté est un creuset de l’humanitaire, je voulais aller à la source. »

Jean-Claude arrive un matin à l’heure de l’office ouvert à tous, dans la petite chapelle où est située la tombe de Mère Teresa. Il y rencontre Thierry B., un volontaire avec qui il travaille, se mettant à la disposition des malades, pour les aider à manger, les masser, discuter avec eux, laver le linge et la vaisselle.

Envie d’agir

Jean-Claude a envie d’agir et se met en congé de son administration. Il réfléchit avec son ami Thierry à l’idée de créer des refuges au Cambodge, pour les enfants vendus par leurs parents et victimes du tourisme sexuel. Thierry lui ouvre son carnet d’adresses, ce qui permet  de mettre  des  réseaux en place.

Jean-Claude comprend que s’il veut convaincre ceux dont il a besoin pour monter son projet, il lui faut investir des fonds personnels pour commencer avant de compter sur les autres. 

Il cherche un lieu où s’installer et, arrivant à Kep, il a un coup de cœur : « La ville est au bord de la mer . Sur la place principale où s’est arrêté le bus, il y avait des centaines de hamacs sous des abris, les gens étaient en train de discuter. Il s’en dégageait beaucoup de sérénité, de tranquillité. »

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À Kep

En s’informant auprès des Français installés dans la ville, Jean-Claude apprend l’existence d’une petite école tenue par un Franco-Khmer du nom de Sok : L’école pour tous. Sok n’est pas convaincu par le projet de refuge, mais il souligne le problème rencontré par les mères, qui ne peuvent pas travailler car elles n’ont personne à qui confier leurs enfants. 

Au Cambodge, après plus de vingt ans de guerre civile, plus de quatre millions de morts et une génération perdue, les grands-parents, les oncles et tantes qui gardaient les enfants ont disparu. 

Le pays se reconstruit et il n’y a pas d’institutions pour prendre en charge les enfants d’âge préscolaire. Les mères, souvent très jeunes, sont isolées et vivent dans une grande précarité. Ce projet touche d’autant plus Jean-Claude que lui-même a perdu son père très jeune et a vu sa mère faire face, élever seule quatre enfants et leur permettre de devenir des adultes responsables.

Sok n’a pas de mal à convaincre Jean-Claude de changer de projet. Issue de la famille royale, la mère de Sok dispose d’un large réseau et s’avère de très bon conseil concernant le domaine de la puériculture que notre marin maîtrise encore mal.

Certes, l’entreprise est compliquée, plus encore à cause de la corruption qui règne dans le pays et dont il faut tenir compte  pour agir.
Mais l’association se monte en dépit des obstacles, avec des soutiens financiers, logistiques, des soutiens de compétences et des transferts de carnets d’adresses. Six mois plus tard, la crèche peut ouvrir avec des professionnelles françaises de la petite enfance qui assurent la formation des jeunes femmes embauchées pour y travailler, parfois recrutées parmi les jeunes mères.

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Faire vivre l’association

Jean-Claude gère l’association, lève les fonds, assure l’interface entre les diverses personnes qui font vivre la crèche, pare au plus pressé…Bref, il est sur la brèche vingt quatre heures par jour. Lui qui désirait une retraite active, il ne s’en plaint pas, mais reste souvent anxieux : rien n’est jamais acquis pour une structure  fragile qui dépend de ressources extérieures à son activité : « Je me suis rapidement rendu compte que lever des fonds, c’est un travail de longue haleine extrêmement difficile, particulièrement dans la situation économique actuelle. Il faut former les gens, de façon à ce qu’ils deviennent indépendants. Et c’est ce que je veux réussir à Kep. »

Pour commencer ce processus d’autonomisation de ses « bénéficiaires » -Jean-Claude préfère les nommer «partenaires»il a choisi la stratégie des petits pas : planter un potager, d’abord comme projet pédagogique pour les enfants, mais aussi pour assurer l’autonomie alimentaire et peut être à terme pour en retirer un revenu; concevoir un projet de formation assurée par des professionnels français pour les diverses fonctions de la crèche; proposer une offre payante pour une population plus solvable;

populariser l’idée que la garde des enfants peut être confiée à un  professionnel au lieu de compter sur les solidarités familiales, donc faire, un peu, évoluer les mentalités.

Transmission d’un savoir-faire avec Passerelles & Compétences

Jean-Claude a connu Passerelles & Compétences au salon des solidarités. Plus tard, lorsque il  a besoin d’un professionnel de la communication pour améliorer ses actions de levée de fonds, il pense à cette offre de compétences professionnelles. Très rapidement, il est mis en contact avec une bénévole expérimentée : une jeune femme spécialisée dans la communication événementielle, qui adhère d’emblée au principe de la crèche solidaire et a envie d’aider la jeune association.
 Ils  mettent en oeuvre  un travail important : il  rédigent ensemble le contenu du site de Together, réfléchissent à une banque de données des parties prenantes de l’association, conçoivent un document de présentation destiné aux bailleurs de fonds, établissent les principes de la participation de l’association à des événements organisés par des partenaires, mettent au point des documents de présentation sur Power Point.
 Plusieurs rencontres ont lieu et la bénévole réalise un travail très conséquent pour permettre à Together d’apprendre à se servir des outils de communication et de disposer de toute l’autonomie nécessaire sur le sujet.

Les savoirs-faire transmis par la bénévole sont encore utiles à Jean-Claude et à ses équipes, qui ont grâce à elle appris à améliorer leur communication vers les financeurs.

La bénévole et l’association ne sont pas restées en contact après la mission, mais nul doute qu’elle répondra présente si Jean-Claude la sollicite de nouveau.

Très fragile…

Comme le dit son fondateur, Together qui s’occupe de petite enfance « est encore un bébé». La détresse des mères est telle qu’il est difficile d’envisager de baisser les bras, mais dans un contexte multiculturel, on ne peut pas tout maîtriser.

Récemment, Jean-Claude a envoyé un mail pour alarmer tous ses contacts et demander un soutien.

Nous espérons tous qu’il sera entendu….

Jean-Claude Mortier

Jean-Claude Mortier

Fondateur et président de

Together